« La Renaissance à Rouen : l’essor artistique et culturel dans la Normandie des décennies 1480-1530 » – 18 et 19 juin 2015

 

La Renaissance à Rouen : l’essor artistique et culturel dans la Normandie des décennies 1480-1530 – 18 et 19 juin 2015

 

Colloque organisé par le CÉRÉdI, Université de Rouen, avec le soutien de l’IRIHS et des AMD
18 et 19 juin 2015
Musée départemental des Antiquités de Rouen, et Maison de l’Université, Mont-Saint-Aignan

 

Comité d’organisation
Xavier Bonnier, Gérard Milhe Poutingon, Sandra Provini

Comité scientifique
Jonathan Dumont (FRS-FNRS/Liège), Perrine Galand (École pratique des hautes études), Denis Hüe (Rennes 2), Arlette Jouanna (Montpellier III), Jean-Marie Le Gall (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Marc Smith (École nationale des chartes / École pratique des hautes études), Jean Vignes (Paris-Diderot)

 

Programme

Jeudi 18 juin 2015 – 9h30-18h30

Musée départemental des Antiquités de Rouen
Salle du Consortium Daniel Lavallée
198, rue Beauvoisine

Matinée : L’aristocratie normande et le mécénat

9h30-10h : accueil des participants et introduction du colloque

10h-11h00 : session 1

Jonathan DUMONT (Liège) : Georges Ier d’Amboise, mécène ou politique ? L’image du cardinal dans l’historiographie de son temps

Laure FAGNART (Liège) : Georges Ier d’Amboise, amateur d’art

11h-11h15  : Pause

11h15-12h15 : session 2

Mathieu DELDICQUE (Picardie-Jules Verne) : De grands mécènes de la Renaissance à Rouen : les Malet de Graville

Xavier PAGAZANI (Paris-Sorbonne) : Les mutations de l’art de vivre des élites aristocratiques en Haute-Normandie autour de 1500. Architecture et vie sociale.

12h15-13h15 : Déjeuner

Après-midi : Le livre à Rouen

13h15-14h45 : Session 3

Danièle SANSY (Le Havre) : Imprimeurs et libraires à Rouen à la fin du XVe siècle

Louise KATZ (IRHT) : Imprimeurs et libraires à Rouen au début du XVIe siècle

Catherine GAULLIER-BOUGASSAS (Lille 3) : La diffusion de la Bouquechardière de Jean de Courcy à Rouen à la fin du XVe siècle : les témoignages manuscrits et les raisons d’un succès

14h45-15h : Pause

15h00-16h00 : Session 4

Ismérie TRIQUET (Rennes 2) : La Grande Chronique de Normandie à la fin du XVe siècle : du manuscrit à l’imprimé

Mario LONGTIN (Western Ontario) : « Prolégomènes à l’étude d’un répertoire de théâtre rouennais (manuscrit BnF fr. 24341) »

16h00-17h00 : Visite du Musée départemental des Antiquités commentée par Évelyne POIREL, conservateur honoraire du patrimoine

17h-18h30 : Conférences

Gérard GROS (Picardie-Jules Verne) : Survol de l’histoire des Puys, de l’Artois à la Picardie (XIIIe-XVe siècles)

Denis HÜE (Rennes 2) : Le Puy de la Conception de Rouen

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Vendredi 19 juin 2015 – 9h30-16h30

Université de Rouen, Mont-Saint-Aignan
Maison de l’université
Salle des conférences

Matinée : Chants royaux, poésie historiographique et entrées solennelles

9h30-11h : Session 5

Gérard GROS (Picardie-Jules Verne) : Figures en chants royaux (Esther, David et sa fronde) avec l’édition de deux poèmes du Puy d’Amiens), ou : la filiation du Puy de Rouen

Nathalie HERVÉ (Nantes) : La versification des Chants royaux sur la conception

Denis HÜE (Rennes 2) : Le motif de la guerre dans la poésie palinodique

11h-11h15 : Pause

11h15-12h45 : Session 6

Arnaud LAIMÉ (Paris 8) : Le voyage de Louis XII entre Rouen et Paris, raconté par le poète Pierre de Ponte : un rare témoignage littéraire de la vie de la cité rouennaise

John NASSICHUCK (Western Ontario) : Jean Leblond, poète normand : les tentations de l’historiographe

Hélène VISENTIN (Smith College) : Le motif du triomphe dans la ville de Rouen à la Renaissance et ses représentations dans les entrées solennelles (1485-1550)

12h45-13h45 : Déjeuner

Après-midi : Les arts (jardins, sculpture, peinture)

13h45-15h15 : Session 7

Laurent PAYA (CESR Tours) : Les jardins du Livre des fontaines (1525)

Flaminia BARDATI (Sapienza Università di Roma) : Renaissances italiennes à Rouen et à Gaillon : typologies, sources, fortune.

Tommaso MOZZATI (Università degli studi di Perugia) : Le collège apostolique d’Antoine Juste.

15h15-15h30 : Pause

15h30-16h30 : Session 8

Caroline BLONDEAU-MORIZOT (Paris-Sorbonne) : La peinture à Rouen vers 1500 : une simultanéité stylistique

Edoardo VILLATA (Università Cattolica del Sacro Cuore, Milano) : Andrea Solario en Normandie

16h30  : Clôture du colloque

 

 

Présentation

L’année 1515 est traditionnellement retenue pour symboliser l’essor de la Renaissance en France et marquer une rupture entre le règne de François Ier, « roi-chevalier » victorieux à Marignan, prince bâtisseur et protecteur des Arts et des Lettres, et celui de Louis XII rejeté dans le Moyen Âge. Qu’en fut-il à Rouen, l’une des principales villes du royaume de France avec Paris et Lyon ? Dans cette ville riche d’une imprimerie active depuis 1485, qui organise un concours de poésie palinodique réputé depuis 1486 [1] et a bénéficié de l’influence de la Renaissance italienne sous l’impulsion du cardinal Georges Ier d’Amboise [2] dans les domaines de l’architecture (château de Gaillon, archevêché de Rouen, château de Vigny) [3], de la peinture (on pense notamment aux œuvres d’Andrea Solario), de la sculpture et de l’enluminure [4] dès la première décennie du XVIe siècle, quelles ruptures et quelles continuités observe-t-on durant les débuts du règne de François Ier ?

Il sera utile pour répondre à cette question de prolonger les recherches sur la poésie palinodique à Rouen [5], qui ont contribué à la réévaluation de la production des Grands Rhétoriqueurs [6]. Il faudra ainsi retracer le parcours d’auteurs importants, comme le rhétoricien Pierre Fabri, plus connu pour son Grant et vray art de pleine rhétorique publié à Rouen en 1521 que pour Le Defensore de la conception (1514), ou Jacques Le Lieur, notable, mécène et poète palinodique, plusieurs fois élu prince du Puy et auteur du célèbreLivre des Fontaines (1525), témoignage historique, architectural, technique et esthétique unique sur une ville de la Renaissance. La production littéraire autour du Puy d’auteurs moins renommés, notamment la poésie palinodique néo-latine, mérite elle aussi de plus amples investigations. L’édition rouennaise, encore peu étudiée pour ce qui concerne les premières décennies du XVIsiècle [7], nécessite une attention toute particulière, afin de dégager ses spécificités techniques, ses domaines de prédilection et le rôle qu’elle a joué dans la pénétration de l’italianisme en Normandie : on pense notamment aux imprimeurs Pierre Regnault, Pierre Olivier ou Laurent Hostingue qui diffusent l’humanisme italien à Rouen, parfois en collaboration avec des imprimeurs-libraires de Paris et de Caen.

Les milieux poétiques rouennais et les réseaux qui s’y sont formés au début de la Renaissance ne sauraient être pleinement mis en lumière sans une étude du rôle joué par les archevêques de Rouen, Georges Ier d’Amboise mais aussi Georges II d’Amboise (1488-1550), resté jusqu’à présent dans l’ombre de son oncle, le cardinal-ministre de Louis XII, auquel il succède dans sa charge et dont il poursuit l’activité de mécénat, inaugurée auprès des humanistes italiens et français de Pavie dans les années 1500, parmi lesquels plusieurs poètes néo-latins, comme le Parmesan Bernardino Dardano et les Français Germain de Brie et Antoine Forestier, membres du cénacle qui s’est formé autour de lui et de son cousin Louis d’Amboise. Le rôle des Amboise ne se cantonne pas, on le sait, à la protection des poètes, et il sera utile d’éclairer les parcours et les relations qu’entretiennent les artistes de différentes disciplines, comme le miniaturiste Geoffroy Dumoustier, qui passe du service de Georges II d’Amboise à Gaillon à celui de François Ier à Fontainebleau, ou encore le sculpteur Roulland le Roux qui réalise le tombeau des cardinaux d’Amboise. Enfin, l’analyse de l’entrée royale de François Ier dans la ville en 1517 [8], où apparaît une statue équestre sur le modèle italien, permettra de souligner le renouvellement des motifs traditionnels par rapport aux entrées de Charles VIII (1485) [9] et de Louis XII (1508) [10] dans la ville ; elle pourra aussi être utilement mise en regard des entrées du roi à Rouen et à Caen en 1532.

Le colloque, pluridisciplinaire, se propose ainsi d’accueillir des études sur la littérature française et néo-latine et sur le livre manuscrit et imprimé, tout en s’ouvrant aux recherches sur d’autres domaines artistiques (peinture, enluminure, architecture, sculpture…) et sur les entrées solennelles, pour mettre en évidence les spécificités de l’essor culturel qu’a connu Rouen dans les années 1480-1530.

 

[1Sur le Puy de l’Immaculée Conception, qui excède par son rayonnement les frontières de la Normandie et attire les poètes français les plus réputés (Guillaume Cretin, André de La Vigne, Jean Parmentier, Jean et Clément Marot…), voir Gérard Gros, Le Poète, la Vierge et le prince du Puy. Étude sur les Puys marials de la France du Nord du XIVe siècle à la Renaissance, Paris, 1992 ; Denis Hüe, La Poésie palinodique à Rouen (1486-1550), Paris, Champion, 2002 ; Première poésie française de la Renaissance. Autour des Puys poétiques normands, Actes du Colloque international organisé par le Centre d’Études et de Recherche Éditer/Interpréter, 30 septembre-2 octobre 1999, réunis par Jean-Claude Arnould et Thierry Mantovani, Paris, Champion, 2003.

[2Georges d’Amboise a fait l’objet de deux colloques à l’occasion du 500e anniversaire de sa mort en 2010, à Rouen (Georges d’Amboise, l’homme et son œuvre, 8 et 9 octobre, organisé par Jean-Pierre Chaline, Élisabeth Lalou et Marc Vénard) et à Liège (Georges Ier d’Amboise, une figure plurielle de la Renaissance, 2 et 3 décembre, organisé par Jonathan Dumont et Laure Fagnart). Les Actes du colloque de Liège ont été publiés aux PUR en 2013. Voir aussi Yves Bottineau-Fuchs, « Georges Ier d’Amboise et les artistes italiens », Les Italiens en Normandie, de l’étranger à l’immigré : Actes du colloque de Cerisy-la-Salle (8-11 octobre 1998), sous la direction de Mariella Colin et François Neveux, Cahier des Annales de Normandie n° 29, 2000, p. 143-162 ; Gennaro Toscano, « Le cardinal Georges d’Amboise (1460-1510), collectionneur et bibliophile », Les Cardinaux de la Renaissance et la modernité artistique, dir. F. Lemerle, Y. Pauwels, G. Toscano, Lille, 2009, p. 51-88.

[3Voir notamment Elisabeth Chirol, Un premier foyer de la Renaissance en France. Le château de Gaillon, Paris-Rouen, 1952 ; Flaminia Bardati, L’Architettura francese di committenza cardinalizia nella prima metà del Cinquecento : i cardinali protagonisti delle guerre d’Italie, thèse de doctorat Rome/Tours, 2002 ; Marc H. Smith, « Rouen-Gaillon : témoignages italiens sur la Normandie de Georges d’Amboise », L’Architecture de la Renaissance en Normandie. I : Regards sur les chantiers de la Renaissance, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle (30 septembre-4 octobre 1998), dir. Bernard Beck, Pierre Bouet, Claire Étienne et Isabelle Lettéron, Caen, Éditions Charles Corlet/Presses universitaires de Caen, 2003, p. 41-58 ; Étienne Hamon, « Le cardinal Georges d’Amboise et ses architectes »,L’Artiste et le clerc. La commande artistique des grands ecclésiastiques à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe), Paris, 2006, p. 329-348.

[4Voir Isabelle Delaunay, « Le manuscrit enluminé à Rouen au temps du cardinal Georges d’Amboise : l’œuvre de Robert Boyvin et de Jean Serpin », Annales de Normandie, 45e année, n° 3, 1995, p. 211-244.

[5Voir la note 1 ci-dessus.

[6Cette réévaluation a été initiée par les travaux de Paul Zumthor, Le Masque et la Lumière. La poétique des Grands Rhétoriqueurs, Paris, Seuil, 1978 ; Claude Thiry, « Lecture du texte de ‘‘rhétoriqueur’’ », Cahiers d’analyse textuelle, n° 20, Paris, Les Belles Lettres, 1978, p. 85-101 ; François Cornilliat, « Or ne mens ». Couleurs de l’éloge et du blâme chez les « Grands Rhétoriqueurs », Paris, Champion, 1994.

[7Voir le chapitre préliminaire de l’ouvrage de Jean-Dominique Mellot, intitulé « ’Miettes’ ou ‘créneau’ ? Le premier siècle de l’édition rouennaise (1485-fin du XVIe siècle) », L’édition rouennaise et ses marchés (vers 1600-vers 1730), Paris, École des Chartes, 1998, p. 27-36. Voir aussi Pierre Aquilon, Bibliographie normande, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIe siècle, Bibliotheca bibliographica Aureliana, Baden-Baden, fasc. 8, 14, 22, 27 et hors-série 5, 6 et 7 ; Alain Girard, « Les incunables rouennais : imprimerie et culture au XVe siècle », Revue française d’histoire du livre, n° 53, oct.-déc. 1986, p. 463-525.

[8Voir Charles de Robillard, L’entrée de François Ier, roi de France dans la ville de Rouen au mois d’août 1517 : réimprimé d’après deux opuscules rarissimes de l’époque et précédée d’une introduction, Rouen, Henry Boissel, 1867.

[9Voir Charles de Robillard, Entrée de Charles VIII à Rouen en 1485 : reproduction fac-similé d’un imprimé du temps, avec introduction et annexes, Rouen, Léon Gy, 1902 ; Joël Blanchard, « Une entrée royale [Charles VIII à Rouen, 14 avr. 1485] », Le Temps de la réflexion, Gallimard, n° 5, 1984, p. 351-374.

[10Voir Pierre Le Verdier, L’Entrée du roi Louis XII et de la reine à Rouen, 1508, Rouen, Léon Gy, 1900.