Les précieuses pas ridicules… spectacle, 9/11, 17h, Axelrad, entrée gratuite

La Précieuse

Lecture-spectacle d’après Michel de Pure (1620-1680)

Loin de la caricature par Molière, le spectacle fait entendre la voix des précieuses, leur réflexion audacieuse sur l’amour, le mariage, la liberté des femmes. La déclamation baroque retrouve le sel de leur brillante conversation, que ponctuent musique et chansons.

par Anne-Guersande Ledoux, Julia Gros de Gasquet, Sophie Delage (comédiennes), Marion Martineau (viole de gambe), adaptation pour la scène par Julia Gros de Gasquet, mise en scène par Anne-Guersande Ledoux.

Lundi 9 novembre 2015, 17h, Université de Rouen, UFR Lettres et Sciences Humaines, Mont Saint-Aignan

Amphithéâtre Axelrad, bâtiment A

Textes de Michel de Pure, Madeleine de Scudéry, Antoinette Deshoulières, Marie-Catherine Hortense de Villedieu.

 

 

Avec le soutien du CEREdI (Centre de Recherche Editer-Interpréter, EA3229, Université de Rouen), de l’UFR des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Rouen, de la Maison de l’Université

 

Entrée libre et gratuite

 

18h30 Autour du spectacle La Précieuse

Entretien avec Julia Grosde Gasquet (Paris 3-Sorbonne-Nouvelle) et les artistes


 

 

Les précieuses, on les connaît par la caricature de Molière : ridicules, pédantes, grotesques et outrancières. Mais qui étaient-elles réellement, à quoi rêvaient-elles, comment pensaient-elles et que pensaient-elles ? Un roman de Michel de Pure, La Précieuse (1656-1658), restitue et imagine à la fois l’art de la conversation de ces femmes éclairées, savantes, oui, mais pas pédantes et qui réfléchissaient d’abord et avant tout à la place et au rôle de la femme de la société de Cour. Au cœur de ce roman, une longue conversation fait entendre, avec une très grande liberté, la remise en cause d’un des fondements de la société, le mariage : les solutions imaginées pour transformer les liens du couple paraissent d’une incroyable modernité.

Cette tentative des précieuses pour changer les comportements de l’amour demeure en effet très actuelle. Leur pertinence intellectuelle et sensible interroge encore les relations à l’autre et au monde telles que nous, hommes et femmes, les vivons. « Féministes » avant l’heure, elles pouvaient paraître dangereuses pour la société de l’époque, et le roman de Michel de Pure n’est pas exempt de cette ironie qui a contribué à leur caricature. Mais chez elles, nul esprit de revanche, la quête plutôt d’une harmonie dans la relation aux hommes.

La Carte de Tendre dessine ainsi, entre littérature et réalité, le pays des Précieuses et marque le chemin initiatique à parcourir à deux, depuis « Jolis Vers » ou « Billets doux » jusqu’à « Tendre », « Estime » ou « Reconnaissance ». Cet art de bien aimer exige un art de bien parler, l’art de la conversation où ce nouveau monde s’invente. D’un langage nouveau, émerge un monde nouveau.

La civilité, le code que les précieuses se donnent pour converser, le langage qu’elles mettent en œuvre désignent pour nous, comédiennes formées au langage et à la rhétorique « baroques », une grammaire théâtrale avec laquelle nous sommes en parfaite adéquation : recherche du geste éloquent, prononciation choisie, présence de la musique. Dans le salon, la conversation s’interrompt pour laisser place à une sarabande, un madrigal : un intermède musical qui repose, fait rêver et prolonge par l’harmonie le sens des propos. Le spectacle mêle ainsi les voix de la conversation à celles de la musique, dans un dialogue indiqué par Michel de Pure lui-même, auquel nous mêlons des textes de Madeleine de Scudéry, Antoinette Deshoulières, Marie-Catherine Hortense de Villedieu. Ces textes poétiques, romanesques, épistolaires sont déclamés en scène par trois personnages de La Précieuse, Néossie, Mélanire et Eulalie en compagnie de leur sœur et amie musicienne.

La gageure est de retrouver le sel de cette conversation qui, pour ne pas retomber dans les nombreuses caricatures, doit être ni affectée, ni artificielle, mais existentielle. C’est en parlant, en déclamant, voire en chantant que les Précieuses s’éprouvaient vivantes, femmes et libres. C’est en allant vers elles dans la singularité et la spécificité de leur présence ancienne pour nous que nous pensons pouvoir faire palpiter leurs vies aujourd’hui.

Julia Gros de Gasquet, Anne-Guersande Ledoux, Sophie Delage

 


 

 

Anne-Guersande Ledoux, comédienne

Après un cursus d’étude de danse classique au conservatoire (CNR de Versailles, notamment), Anne-Guersande Ledoux suit une formation d’art dramatique au Studio 34 (C. Mathieu) et de chant lyrique au Conservatoire National de L’Haÿ-les-Roses (M.-C. Cottin). Elle poursuit sa formation en danse contemporaine avec notamment Caroline Marcadé et s’intéresse à la recherche sur le mouvement et à la pédagogie (Diplôme d’État au RIDC). Elle mène alors un parcours d’interprète chorégraphique et dramatique (S. Catherin, R. Santon, A. Sachs, Collectif d’improvisation…). Depuis sa rencontre, fondamentale, avec Eugène Green et le Théâtre de la Sapience qui, à travers les pratiques d’interprétation de l’âge baroque renouent avec l’énergie des œuvres françaises du XVIIe siècle, elle entretient un lien privilégié avec la scène baroque. Elle joue dans toutes les créations d’E. Green (Le Cid, La Place Royale de Corneille, Mithridate de Racine…) et travaille régulièrement avec Benjamin Lazar (Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé de Théophile de Viau, entre autres). On la retrouve dans des récitals d’ensembles de musique ancienne. En 2012, elle met en scène l’opéra Artaserse de J.-C. Bach avec E. Demeyere à Anvers. Elle anime des formations sur la déclamation baroque (Académie de Sablé, Université de Montpellier) et intervient dans des colloques-festivals à l’université par la création de spectacles (Turin ; Scènes de reconnaissance, Montpellier 2012 ; Scènes de nuit, Montpellier 2014 ; Scènes de dispute, Paris 2014). Son goût pour la transmission l’amène à animer des ateliers sur le mouvement avec K. Touré, percussionniste, auprès de jeunes d’un IME. Désireuse d’enrichir sa pratique d’interprète par différentes approches, elle effectue de fréquents séjours en Inde où elle suit des stages de Kathakali (théâtre dansé classique). Actuellement, par son lien particulièrement fort avec la civilisation et la musique italiennes du XVIIe siècle, elle travaille sur la déclamation de l’opéra de l’époque et crée avec clavecin et viole de gambe des récitals à thèmes. Après la création récente du Dibbouk de An-Ski mis en scène par Benjamin Lazar au TGP, elle part en tournée. Elle a créé La Précieuse pour le Festival de Sablé en 2013, premier volet d’un projet sur la figure des Précieuses, en compagnie de ses camarades interprètes Julia Gros de Gasquet, Sophie Delage et Marion Martineau.

 

Julia Gros de Gasquet, comédienne et universitaire

Comédienne et maître de conférences (Institut d’Etudes Théâtrales, Sorbonne Nouvelle), Julia de Gasquet s’intéresse particulièrement à la diction de l’alexandrin avec une thèse publiée aux éditions Champion (En disant l’alexandrin, l’acteur tragique et son art, XVIIe siècle- XXe siècle, 2006). Elle intervient auprès des chanteurs de l’Académie de l’Opéra Comique pour les questions de rhétorique et de déclamation et dirige des ateliers artistiques à Sciences-Po (Paris). Comme comédienne, elle s’est formée à l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et techniques du théâtre), à l’Académie russe des arts du théâtre de Moscou (GITIS) et auprès d’Eugène Green pour le jeu baroque. Elle l’accompagne aussi comme comédienne au cinéma dans Le Pont des Arts (2005) et dans Le Fils de Joseph (sortie prévue en 2016). Depuis 2009 et son travail à Prague en tant qu’assistante à la mise en scène de Rinaldo (mise en scène de Louise Moaty), elle participe régulièrement à des créations d’opéras et de spectacles qui associent théâtre et musique : elle crée Belle folie, variation sur des madrigaux italiens avec la chanteuse Mariana Rewerski à Rome, à la villa Médicis en 2011, puis en Suisse et à Buenos-Aires. Elle accompagne Vincent Huguet dans la mise en scène de Lakmé à l’Opéra national de Montpellier en octobre 2012 avec Sabine Devielhe dans le rôle-titre. La Précieuse est le premier volet d’un travail qu’elle achève sur les écritures féminines de la première modernité.

 

Sophie Delage, comédienne

Après des études de cinéma et deux ans à L’INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle) à Bruxelles, elle entre dans la première promotion de l’ERAC (École Régionale d’Acteurs de Cannes). Au cours de sa formation elle travaille notamment avec Michel Duchaussoy, Alain Timar, Andrzej Seweryn, Liliane Delval, Françoise Seigner, Robert Cantarella, Florence Giorgetti et Claude Régy. Elle joue au théâtre les premiers spectacles baroques d’Eugène Green, La place Royale et La Suivante de Corneille, puis travaille en compagnie avec Pierre Laneyrie sur des pièces contemporaines comme Volcan de Philippe Minyana, Kalldewey farce de Botho Strauss, interprète Phèdre dans Phèdre de Sénèque. Elle tourne dans des courts métrages et deux longs métrages d’Eugène Green, Toutes les nuits et Le Fils de Joseph. Elle travaille pour la télévision et la radio, mais sa principale activité reste le théâtre où elle joue entre autres dans des spectacles d’Angela Konrad, Alexandra Tobelaïm, Geneviève Hurtevent, Alexis Moati, et Hubert Colas. Tout en continuant le théâtre baroque (Athalie de Racine, La Précieuse de l’abbé de Pure) elle joue dans La nuit au cirque (Olivier Py) et à partir de ce moment-là commence un travail de compagnie avec Vol Plané (Alexis Moati) qui va se développer avec les Molière (Le Malade Imaginaire et L’Avare, Et le diable vint dans mon cœur) en tournée depuis 2009. Parallèlement, elle commence à écrire, d’abord des nouvelles ainsi que des textes épars pour le théâtre.

 

Marion Martineau, musicienne

Marion Martineau étudie le violoncelle au CRR de Nantes où elle obtient son prix dans la classe de Danielle Mérand ainsi que son prix de musique de chambre dans celle de Daniel Cuiller. À 15 ans, elle est admise au CNSM de Paris, dont elle sort avec trois prix, en violoncelle (Roland Pidoux), en quatuor à cordes (Claire Désert) et en viole de gambe (Christophe Coin). Elle étudie durant deux ans la viole de gambe avec Christine Plubeau et le violoncelle baroque avec Emmanuel Balssa. En 2004, elle est lauréate de l’académie internationale de musique Maurice Ravel à Saint-Jean-de-Luz. Elle se produit alors en quatuor avec piano aux côtés des pianistes Jean-François Heisser et Lorène de Ratuld au festival de l’Orangerie de Sceaux et au festival des Nuits musicales d’Arles. Intéressée par la musique actuelle, elle se perfectionne au sein de l’ensemble Cairn de 1999 à 2003. À la viole ou au violoncelle baroque, Marion Martineau joue avec l’Ensemble Baroque de Limoges, Le Concert d’Astrée, Les Cyclopes, Stradivaria, Les Siècles, Prometheus 21. Elle participe à la musique de scène du Malade Imaginaire, composée par Marc-Olivier Dupin, à la Comédie-Française à Paris, puis en Asie. Au violoncelle, elle est régulièrement invitée à jouer au sein de l’Orchestre Philarmonique de Radio-France et de l’Orchestre de Chambre de Paris. Elle se produit également en récital solo, en musique de chambre aux côtés de Boris Garlitsky, Alain Meunier ou encore Giuliano Carmignola lors de festivals français ou étrangers. Depuis 2009, elle enseigne la viole de gambe au conservatoire de Savigny-le-Temple Nandy. Elle crée le spectacle pour enfants à caractère pédagogique Viol’oncello. Elle joue en soliste les Concertos de C.P.E Bach sous la direction de Daniel Cuiller.

 

 

 

 

Nos chaleureux remerciements à l’UFR des Lettres et Sciences humaines de l’université de Rouen et à son personnel, à la Maison de l’Université et à son personnel, au CEREdI dont le soutien a permis ce spectacle.

 

 

Pour tout renseignement : myriam.dufour-maitre@univ-rouen.fr